Après avoir contacté plusieurs guides afin d’obtenir le meilleur prix (rien qu’en accès du parc, pour 5 jours et 2 personnes : 520 dollars US...), notre choix s’est porté sur John, qui a à son actif pas loin de 150 ascensions du Mont Kenya depuis 17ans... une négo rondement menée, une autre sur le coût de location du gros matériel (notre sac n’étant composé que de short / T-shirt, pas forcément pratique pour les températures négatives du Mont Kenya), un passage à Décathlon Nairobi pour acheter le basique pas cher et chaud (la fameuse gamme PACHERÉCHO), une visite à la pharmacie pour acheter du diamox contre le mal d’altitude, nous voilà fin prêt pour titiller les 5000m.


Départ de Nairobi en transport public avec John direction la Gate de la Sirimon way (2650m), une des voies célèbres du Mont Kenya.

Balade tranquille de 3h le long de la route jusqu’au niveau de Old Moses camp (3300m). Comme on a bien fait exprès de piétiner et faire plein de pause hydratation, on a plutôt mis 4h pour pouvoir nous habituer à l’altitude. Le matin même, on était à Nairobi (1500m), il ne faudrait quand même pas qu’un mal des montagnes (très fréquent ici) nous empêche d’aller au sommet !


Dîner parfait servi par notre cuisinier perso (oui oui), Anais s’est régalé en léchant le plat de la soupe au butternut jusqu’à la dernière goutte.

 

Nuit dans notre tente, un peu de vent mais jusqu’ici tout va bien. Vers minuit c’est le drame. Nissou se précipite dehors et n’attend pas même une seconde pour rendre à la nature la soupe butternut à peine digérée. Ballet répété une dizaine de fois lors de la nuit, sous les rires d’Hadrien assistant à ce show son sans lumière.


Le matin, Nissou fait un peu la gueule en sachant qu’il pleut à verse et que la nuit fut chaotique...

Mais on ne va pas s’arrêter là donc on se lance dans un trek de 8h à travers la vallée de McKinder. Les 5 premières heures sont franchement terribles, pluie incessante, pause toilettes fréquentes côté Nissou , annoncées au guide par des « it’s poopy time ! », doigt de pied qui ne répondent plus, vision limitée à 3 mètres.. “Franchement j’ai dur” aurait dit Franck Ribéry.



Juste après la pause lunch sous la flotte, l’horizon s’éclaircit, littéralement. Nous sommes entourés de très surprenantes lobélies géantes et d’énormes senecons assez pittoresques. Arrivée à bout de force au gîte de Shipton Hole (4250m). La tente est installée au pied de l’enneigé Mont Batian, le plus haut sommet du Mont Kenya à 5199m, une nouvelle fois jusqu’ici tout va bien.



Malheureusement, notre excitation est mise à mal par une nuit somme toute horrible. Des rafales de vent offrant la joie de se réveiller avec le toit de la tente collé contre le visage, une température frôlant les -20 (température ressentie : -1000), de nouveaux aller/retour plaisir pour Nissou, bref on attend que la “routourne va tourner” comme dirait Francky. 


Après un petit déjeuner où Nissou travaille son mental tout en buvant de l’eau chaude, on se lance et tout va mieux ! L’ascension de 4h, en bonne partie dans la neige, nous fait découvrir des paysages glaciaires magnifiques, le vent s’est calmé et Hadrien, dans son dévouement le plus total, rejoint Anais dans les joies de la vie coulante à seulement 200m du sommet... Arrivée au sommet du Pic Lenana (4985m, disons donc 5000...), le temps de se congratuler, de faire des photos et de rentrer dans le Guinness des records pour Hadrien avec le poop le plus haut de l’histoire (à 2m du panneau où les gens font des selfies, clâsse) puis départ pour la voix de Chogoria.



Après une longue et magnifique redescente dans la vallée de l’autre côté de presque 4h, arrivée au bord du lac Michaelson (4000m), au pied de la somptueuse falaise de “The Temple”. Il fait beau, on a le visage brûlé par le froid mais on est heureux comme tout, le lieu y est pour beaucoup. Quand tout va bien, tout va bien : on dort comme des bébés sans même attendre le dîner. Nos 13h de sommeil ne nous permettent pas d’entendre les hyènes qui menacent notre campement, nos guides et porteurs les éloignant fort heureusement grâce au feu dont elles ont peur...



Nous sommes tout guillerets en ce 4ème jour, même la première heure avec une montée à quasi 70 degrés n’entame pas notre moral. Les six heures suivantes nous permettent d’admirer l’ensemble du massif, du sommet jusqu’au bas avec vue sur les Vivienne Falls et les grands plateaux de l’autre côté.



Nous changeons successivement de décor jusqu’à atteindre une vallée ressemblant à un jardin d’éden où nous plantons (enfin notre staff : colonisateur un jour…) notre tente à proximité de la Chogoria Gate, située à 2950m d’altitude. On rêve d’une douche, les cheveux d’Anaïs sont soyeux comme du bitume, mais on ne s’octroie qu’un plaisir : 2 Tusker chaudes et sans bulles. La nuit se déroule comme un charme au milieu d’une carte postale verte et boisée. Une nouvelle fois, on n’entend rien de l’éléphant ratiboisant la forêt a 50m de nous, je crois qu’on pourrait dormir allongés sur l’herbe de l’aéroport de Roissy et y faire de beaux rêves dans cet état-là. 



Le lendemain, petit décrassage sur quelques kilomètres et une voiture nous récupère pour nous ramener à Chogoria Town puis Nairobi. Voilà c’est fini, on peut aller faire un bain de Biafine et regarder le soleil de la capitale se lever puis se coucher, puis recommencer.


On retiendra de cette aventure sportive que c’est quand même drôlement épanouissant de se pousser à la limite comme ça, dans un tel décor. On referait pas ça tous les jours mais c’était génial, des paysages inenvisageables en France, un staff aux petits soins (sûrement responsable de notre turista mais bon, cette soupe au « butterbutt » était un délice), et la joie d’être monté plus haut qu’on ne pourra jamais le faire dans toute l’Europe. On n’aura pas beaucoup vu d’animaux pourtant nombreux dans le parc, mais c’est clairement le programme des prochains jours, on vous racontera !


PS : Désolé si ce récit parlait beaucoup de caca mais je vous jure que ça a occupé une partie importante de notre aventure, rebaptisée d’ailleurs notre époopée !